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Languedoc , Volume 2, Partie 2 Blanchard , Pharamond -La Tour penchée de Soyons, 1835 -Lithographie . Planche 322 - détail © Fondation Taylor -

NODIER OU LA FABRIQUE DU ROMANTISME: rencontre avec JÉRÔME FARIGOULE, conservateur
AU MUSÉE DE LA VIE ROMANTIQUE DE PARIS JUSQU'AU 18 JANVIER 2015

Figure tutélaire et méconnue du XIXème, Charles Nodier sera l’un des pères du romantisme naissant. Artiste protéiforme, essayiste, romancier, accélérateur de talents, Charles Nodier sera avant tout l’instigateur avec le baron Taylor des « voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France». Oeuvre pharaonique étoffée de 3’000 illustrations, ce projet sera le principal outil d’une prise de conscience collective sur le patrimoine régional. Un patrimoine fragilisé par la révolution puis la chute de l’empire et qui sera le théâtre d’une vaste rénovation sous Louis Philippe. C’est au cours de la première Restauration, pleine d’incertitudes, que se cristallisera l’oeuvre de Nodier. Une influence, une plume et un esprit qui s’avèreront déterminants pour les plus fortes personnalités du romantisme. Rencontre avec Jérôme Farigoule, commissaire de l’exposition. 

 

Closevent: que doit-il retenir de Charles Nodier: l’artiste (auteur, essayiste, romancier) ou le précurseur de ce qui deviendra l’ère romantique?

Jérôme Farigoule: Charles Nodier est un grand novateur de la période et est malheureusement méconnu du grand public; c’est une personnalité qui va porter la première génération romantique et son oeuvre va être le reflet des idées qu’il défend. Il est d’une génération antérieure aux jeunes romantiques qui naissent avec le siècle (Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Gérard de Nerval…). C’est l’une des figures qui va asseoir les qualités littéraires du romantisme, mais aussi théâtrales. L’oeuvre de Nodier demande à être redécouverte. Elle est difficile à classer en terme stylistique ou de parcours littéraire; il nait avec une littérature empreinte du siècle des lumières bien que l’esthétique et les sujets qu’il défend soient dans l’esprit du XIXème siècle. Il ne s’agit plus d’écrire sur les formes de morale ou de progrès mais d’être à la recherche de thèmes et de légendes, de s’imprégner d’une littérature vernaculaire et utiliser le substrat national comme sujet.

 

Closevent: à quoi ressemblait le salon de Charles Nodier et en quoi se démarquait-il des salons XVIIIème.?

Jérôme Farigoule: le salon tel que le conçoit Nodier reste un lieu central où on est obligé de passer pour être reconnu. Sa spécificité est aussi de révéler de jeunes talents et porter une nouvelle génération. C’est le premier des penseurs romantiques. Le dimanche soir se réunissent des auteurs dramatiques, des romanciers, des essayistes mais aussi des musiciens. Le théâtre reste le plus grand vecteur du romantisme, avant la peinture et la poésie. La bataille d’Hernani fait la bascule de l’académisme antérieur vers une nouvelle esthétique littéraire. Le théâtre est un art qui s’appuie sur des créateurs, des costumes, des peintres, des illustrateurs. C’est un art total. Ces salons sont assez informels dans leurs modes de fonctionnement. Parmi les familiers, on peut noter Dumas, Lamartine, Hugo. Ce sont, à l’époque, des jeunes gens qui viennent pour danser et courtiser Marie Nodier (fille de Charles Nodier).

 

Closevent: Nodier va participer à l’une des plus grandes aventures éditoriales du XIXème siècle: les voyages pittoresques. Quelle était l’ambition du projet? Peut-on parler d’une oeuvre éducative, progressiste, romantique ou purement émotionnelle? L’approche est-elle comparable à celle de Diderot et Montalembert dans la conception de la grande encyclopédie du XVIIIème? 

 

Jérôme Farigoule: les voyages pittoresques s’inscrivent dans une tradition qui portera les ferments d’une grande modernité. Charles Nodier et le baron Taylor vont défendre une esthétique nouvelle et donner une dimension inédite au caractère pittoresque de l’oeuvre  (étymologiquement: digne d’être peint). Ils mettent l’accent sur l’intérêt du patrimoine, celui qui mérite d’être peint, reconnu ou sauvé. En particulier le patrimoine gothique en partie détruit pendant la révolution; une partie de ces bâtiments vont être pillés et laissés à l’abandon, d’où l’intérêt de cette prise de conscience collective.  Le premier volume parait en 1820, 15 ans avant l’éveil des monuments historiques et 10 ans avant la publication de Notre Dame de Paris et le pamphlet des démolisseurs. L’ambition est de reproduire des sites bâtis, mais aussi des sites naturels pour montrer qu’on s’intéresse aux régions et paysages de la France. Nodier va porter les premiers volumes, en particulier ceux consacrés à la Normandie et à la Franche Comté, sa région natale. 

 

Closevent: l’oeuvre compte plus de 3’000 planches iconographiques. Comment s’est faite la collaboration avec les nombreux artistes qui ont participé à ces dessins? .

Jérôme Farigoule: c’est une oeuvre qui va s’étendre sur près de 60 ans, de 1820 à 1878. Taylor a l’intuition d’un ouvrage colossal avec de très nombreux récits descriptifs des grandes provinces françaises, un recensement de l’histoire de chaque région, un répertoire de contes et légendes, des traditions orales et vernaculaires. Le principal défi était de comprendre comment illustrer ce vaste projet. L’apparition de nouvelles techniques telle que la lithographie est économiquement beaucoup plus viable (l’artiste dessine directement sur la pierre  et ne grave plus sur un support tel que le cuir). Le projet est privé et a été financé par souscription pour chacun des volumes. Chaque nouveau volume est l’occasion d’une nouvelle organisation. Si Nodier écrit tous les textes, c’est le baron Taylor qui va orchestrer le ballet des multiples dessinateurs, en spécifiant parfois l’angle, le point de vue très précis à respecter .Les planches ne sont pas numérotées mais on peut estimer que chaque volume est édité à 1’300 -1’500 exemplaires. L’influence de ce projet se mesure sur les arts décoratifs, dans la peinture d’histoire, la peinture de paysages. Certaines prises de vue vont devenir canoniques, dans la façon de représenter une voute gothique par exemple, d’une ruine… Les artistes à venir seront en partie influencés par ces représentations. Viollet-Le-Duc fait ses début avec Les Voyages Pittoresques comme illustrateur ce qui jouera un rôle déclencheur dans son oeuvre. Dès les premières publications, les meilleures planches sont présentées dans les salons et les expositions, ce qui permettra de populariser de très nombreux sites.

Sire web de l'exposition:  www.voyagespittoresques.paris.fr 


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